Violette Leduc, “Ravages” (1955)

Ravages raconte l’histoire de Thérèse, une femme bisexuelle qui rencontre un homme dans un cinéma parisien, Marc, qui devient son amant. Mais Thérèse est déjà en couple avec Cécile, une institutrice à qui elle rend visite en province tous les week-ends. Marc va insidieusement réussir à s’immiscer dans la relation et dans la tête des deux femmes, avant que Thérèse ne quitte Cécile, puis s’installe et se marie avec Marc. L’ouvrage s’achève sur l’échec de ce mariage, suivi pour Thérèse de quatorze tentatives successives d’avortement et d’une convalescence chez sa mère.

Ravages est une œuvre très riche, où se retrouvent à la fois les préoccupations des femmes de l’époque – le mariage, la sexualité, l’interdiction et les difficultés liées à l’avortement – et des questionnements qui sont pour certains aujourd’hui encore très (voire trop) modernes – la bisexualité, le brouillage des identités de genre, une écriture de la sexualité sans détours, originale et novatrice. 

La première partie de Ravages a par ailleurs été censurée par Gallimard lors de la parution de l’ouvrage, et a d’abord été publiée sous forme de tirage privé : difficile de comprendre les enjeux du récit sans parler de Thérèse et Isabelle. Notons qu’aujourd’hui encore Thérèse et Isabelle est publié – et donc considéré – comme un ouvrage à part entière, alors qu’il constituait initialement les 150 premières pages de Ravages : une telle démarche éditoriale brise dès lors la cohérence du récit tel qu’il avait été pensé par Violette Leduc.